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Ce document s'inspire d'archives privées :les photographies des années "1920 " ainsi que les images filmées durant la décennie suivante sont rares dans notre région...merci à "René", pionnier et "cameraman" de cette époque qui, ayant épousé une "jeune fille du pays", nous transmet un héritage à partager...cette histoire symbolique et universelle d'une traversée de Lanvéoc à Brest visualise celle de nos familles: elle est le lien entre leur passé et notre avenir, la réalité toujours présente des scènes de vie qu'elles nous ont dédiées, à nous, leurs enfants, enfants de ce pays.

ANNEXE: Etat de services(extrait) d'un ingénieur mécanicien en chef, officier de marine

-Célestine est née à Telgruc (29) en mai 1916. Ses parents qui ont eu quatre enfants s'installent, ensuite, à Lanvéoc où elle ira à l'école(celle des filles est ,alors, située rue de la grève) en 1922...elle se souvient de son admiration pour les qualités pédagogiques de la Directrice d'école, Madame Thébaut qui, ayant remarqué ses capacités, l'oriente en 1926 à Carhaix, où elle poursuit sa scolarité en pension...les retours à la maison pour le week-end et les vacances sont rares et appréciés! Il fallait prendre les transports de l'époque: le "p'tit train" jusqu'à Chateaulin avec un changement jusqu'à Tal-ar-Groas:....puis tout le reste du chemin, jusqu'à "Lanvaux" se faisait.....à pieds (6 kms, environ). Elle se remémore également les joncs que l'on ramassait en descendant à la grève et les paniers qu'elle saurait encore tisser. aujourd'hui.

-Marie-Thérèse, son amie, est née à Paris en1927. Elle devient, avec sa famille, lanvéocienne en 1929: ses souvenirs de jeunesse sont bien présents...ceux du lavoir ou les laveuses devaient s'agenouiller sur les caisses qui, un jour, avaient été jetées dans le lavoir par un groupe d'enfants malicieux! ceux de "Tante Michelle", laveuse de métier...ceux le la marchande d'oeufs et de beurre qui arpentait les routes des fermes avec sa petite charrette...puis empruntait le car local jusqu'à Tal-ar-roas où la rejoignait une autre passagère...le car se redirigeait, ensuite, vers la cale à Lanvéoc; là, le" vapeur brestois", leur faisait traverser la rade pour rejoindre le marché de Brest, rue Etienne Dolet où elles exposaient les paniers qui contenaient les produits fermiers...A Lanvéoc, elle se souvient encore de "Finette" qui tenait un café sur la place attenant au bâtiment du "jeu de boules".

Au rythme des marées qui restituent la gamme des émotions humaines, la musique a souvent accompagné les hommes de mer. Des "marins-musiciens" ont traversé et influencé cet espace fait de bleu et de sel: chants de marins, de pêcheurs, musique de la flotte... y résonnent encore ! Ce thème, ici, seulement abordé, se réfère à sites spécialisés(cités-rubrique V-) à consulter pour mieux le découvrir ; rappelons la présence de quelques brestois de naissance ou "d'adoption" qui, élèves de la Marine, à travers des destinées différentes, ont composé et écrit des oeuvres aux titres révélateurs.

Né à Brest, fils d'un médecin de marine, il hérite d'un don familial pour la musique. Ses capacités font de lui un pianiste précoce qui réalise sa première oeuvre à treize ans et un élève de l'Ecole Navale dès dix-sept ans. Il se distingue par une carrière de brillant officier-créateur de la règle Cras (outil pratique de repère maritime) conjuguée aux talents d' un excellent compositeur: de nombreux navires sur lesquels il fut affecté, cuirassés, torpilleurs, croiseurs... connurent la présence de son piano et l'inspiration d'un grand compositeur: en 1928, le "Provence" est le premier "auditeur" de son "Quintette"; en 1922 son opéra "Polyphème" avait été représenté à l'Opéra comique. Devenu major général en 1931, il s'éteint, à Brest, en 1932.Il nous laisse la dédicace d'un homme qui sut conjuguer ses talents d' officier de marine et ceux d'un musicien- compositeur: rendons lui hommage en retenant quelques titres inspirés par la mer: "Au fil de l'eau"-1921 "Journal de bord"-1927,"Soir sur la mer"-1929...

Orphelin, très jeune, Paul Le Flem naquit dans les côtes d'Armor....il songea également à faire carrière dans la marine mais, ses études à Brest où rayonne, à cette époque le célèbre kiosque qui réunit musiciens ,spectateurs et passants lui ayant fait rencontrer Joseph Farigoul (chef de musique des équipages de la Flotte et professeur d'harmonie): il se destine, alors, à la musique; devenu professeur au Conservatoire de Paris, il fréquente la Sorbonne et la Schola Cantorum où il rencontre Vincent d'Indy qui l'associe à la vie musicale.

Ses oeuvres sont imprégnées de son pays natal : la Bretagne; les dernières années de sa longue vie lui firent connaître la cécité....Dévoué à la création musicale, il est reconnu comme un artiste de talent et un homme intègre. De son existence éprouvée sont nées des compositions influencées par le chant breton...leurs titres, également, nous rappellent des paysages bien typés: tels, pour piano, "Par grèves"-1908, "Par landes"-1908, "Vieux calvaire"-1910 et "Morven le Gaélique"-1963 qui figure à son répertoire de musique vocale..., tandis que la musique théâtrale lui inspire "Le rossignol de Saint Malo"-1938 ou "La magicienne de la mer"-1947 qui évoque la ville d'Ys.

Egalement orphelin très jeune( comme Paul Le Flem qui fut l'un de ses disciples), Albert Roussel est né à Tourcoing. Bachelier, il prépare, en 1887, l'Ecole Navale: le navire école" Le Borda" est ,alors, ancré à Brest....enseigne de vaisseau, il va parcourir les mers, sans omettre de conjuguer à ce "parcours" la pratique de ses dons musicaux pour lesquels il quitte la marine en 1894 ... sa rencontre avec l'organiste E. Gigout, à Paris, l'incite à dédier ses talents au domaine de la composition, il travaille également avec Vincent d'Indy à la Schola Cantorum et poursuivra une remarquable carrière dans le monde de la musique. Il décède à Royan, âgé de 68 ans . Ses campagnes ( Cochinchine...) et nombreux voyages(Indes...) lui inspirèrent un véritable répertoire...de multiples sources spécialisées lui sont dédiées ; parmi le registre laissé par ce maître en composition, quelques titres suggèrent le thème de l'eau: "le marchand de sable qui passe"-1908,-musique théâtrale, "le jardin mouillé"-1903,musique vocale , "danse au bord de l'eau"-1906, pour piano ...l'opéra "Padmâvatî" fut achevé à Perros-Guirec où , après s'être engagé dans l'Armée de terre en 1914, il était venu s' installer en 1918.

1-Gabiers, mousses, soldats et officiers de marine, poilus...

Histoire de Pierre

Le père de mon arrière grand-père "Allain" était "gabier de port"! Garder et sauvegarder l'espace des côtes (et le monde des bateaux) : voilà qui demeure une définition historique dans une région qui, de tout temps, était contrainte à surveiller ses côtes...qui, dès Moyen Age, instaurait déjà les milices garde-côtes...

Pierre, son fils, né en 1862 , dans un "penty "lanvéocien de "la Ville neuve", a souvent évoqué la vie d'alors: dans cette maison de torchis et de pierres, au sol de terre battue, à l'ère des "vieux métiers", "il devint "mousse", traité à la "dure": apprendre à écrire, assumer les "corrections", voilà ce qui lui confère une pugnacité qui l'entraîne jusqu'à L'Ecole des Arts et métiers d'Angers, puis l'oriente vers la carrière d'officier de marine...

Il figure, comme second maître, à l'armement du canot à vapeur N°2-porte torpille du "Bayard"- d'une expédition restée légendaire dans la Marine française....celle de Sheï-Poo où, dans la nuit du 15 au 16 février 1885, le lieutenant de vaisseau Duboc et le capitaine de Frégate Gourdon faisaient torpiller, au mouillage, deux frégates ennemies. Pierre, devenu plus tard mécanicien inspecteur d'escadre, lègue à ses enfants qu'il entretient souvent de ses campagnes une vénération pour ses deux anciens chefs (cf revue l'X "la Jaune et la Rouge", rubrique V-d)

Au nombre des navires qui voient s'exercer ses compétences figurent "le Dubourdieu", "la Couronne", "la Marseillaise" et le cuirassé "France" ...il accède au grade d'ingénieur mécanicien principal de 2ème et de 1ère classes puis à celui de mécanicien en chef ;en 1897, il reçoit le témoignage de satisfaction du Ministre pour les travaux de réparation du "Marceau"(cf ANNEXE: extrait d'Etat de services...)

Chevalier de la légion d'honneur en 1899, il obtient les distinctions honorifiques suivantes: médaille militaire, médaille du Tonkin et le titre de commandeur de Saint Stanislas de Russie.

Pierre et Marie, héros, comme bien d'autres, de cette traversée de la rade de Brest eurent cinq enfants: au début des années 1900, ils construisent leur maison, à Brest, dans le quartier de Kerfautras.

Il a été interviewé par "La Dépêche de Brest et de l'ouest"(devenue, par la suite "Le Télégramme"), le 17 février 1937 avec publication d'une photographie le représentant entre sa mère et sa soeur en 1883.

D'hier à aujourd'hui, le cadre a bien changé: être "mousse" se conjugue à une évolution considérable de la pédagogie maritime: nouveaux acteurs, nouvelles technologies: l'on connait le "centre d'instruction navale"...l'on s'intéresse à la création du "bac pro."d'électromécanicien de marine...

Monsieur Louis Ramoné, actuel maire de Lanvéoc se souvient du temps où il était "mousse"-avant de devenir officier...Alors l' Ecole(des mousses), en 1960, venait de réintégrer Brest-groupe Armorique:" le premier de la classe avait le droit au titre de "chef de hune, deux galons rouges et deux boutons ornaient l'une des manches de sa vareuse...le deuxième de la classe, se voyait, pour sa part , honoré du titre de "gabier d'élite"!..."un gabier est également celui qui, sur un bateau, rend les honneurs à la coupée avec un sifflet..."

Née en 1916, dans une maison de Kerfautras-celle de ses grands parents- Geneviève évoque avec émotion ses souvenirs d'une enfance vécue avec ses jeunes soeurs Annick, France Victoire, née en 1918 dans cette même demeure et Claude, née en 1924.

"Aujourd'hui encore, elle se remémore des scènes qui s'animent : cette joyeuse bande de cousins et cousines rassemblée pour la joie d'une famille réunie autour des grands-parents... il y avait Marie-Thérèse, Henri, Françoise, Denise et Georges qui partageaient les jeux dans le jardin rayonnant d'hortensias, les repas du "terroir" faits de bouillie d'avoine "Youd kerc'h" et" kik a farz"-sorte de pot au feu breton, agrémenté de" far en sac", farine de blé noir-, les liqueurs faites maison... les images sont bien là: la grande pièce consacrée à la bibliothèque pour des heures de lecture, les promenades jusqu'à l'Arsenal puis ces séances de cinéma où une" rangée entière" était retenue!

Toujours bien vivante, parmi ces souvenirs, la densité particulière des veillées d'antan où chacune, chacun avait appris "son" poème, "sa" chanson..."les trois petits anges", "le petit âne"...et, ce moment profond éclairant la soirée lorsque l'aînée des cousines, récitait pour "Henri" (leur oncle), le poème de Lucien Boyer, hommage à nos héros , à la présence intense d'un enfant mort au front:

a) article: "Balade autour de la presqu'île de Crozon(1/4)". Louis de Courcy, La Croix, 11/08/2008

"de Lanvéoc à Roscanvel, La Marine Nationale veille à la sécurité de la France et le marcheur doit passer son chemin sans manifester trop de curiosité

SOUS LA GARDE DE LA MARINE"

l'auteur décrit "le sentiment de liberté" lors de son cheminement à travers Lanvéoc..."les chênes et pins maritimes" dominant un "cimetière... d'épaves rouillées" ainsi que le port du Fret qui lui inspire l'aquarelle de ce jour"...

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Revues:

b) AVEL GORNOG: Histoire, Nature, Vie en presqu'île de Crozon, Dossier Lanvéoc N° 7 juin 1999, revue éditée par l' association "Etre daou Vor" 29160 Crozon,

64 p. Ce numéro est dédié à des études spécifiques....en particulier: toponymie des côtes, "Poulmic", naissance de la commune, fort, itinéraires, port, fours à chaux, bois et mycologie...

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c) LE CHASSE MAREE N° Editions du Chasse-Marée, Abri du marin. 29177 Douarnenez.

A citer, en particulier, le N° 92, septembre 1995 relatif au patrimoine-école("l'Etoile et la Belle poule", goélettes, lancées en 1932)

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d) REVUE DE L'X "La Jaune et la Rouge":N°62-1er mars 1954 et N°70-1er mars 1954( relatant le fait d'armes de février 1885 à Sheï-Poo)

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e) Les COLS BLEUS, magazine de la Marine et de la mer N° 2835 du 07 juillet 2007( article relatif à L'Ecole Navale au XIXe siècle: Retour sur le Borda)

f) LANVEOC. Louis Postic. Rennes, imprimerie Oberthur.1931,116 p.

Cette monographie décrit Lanvéoc à travers 12 rubriques: "Lanvéoc par champs et grèves" "le pardon de Ste Anne" "la vieille maison"-Ty Meillard "visages anciens" "un marin"-mon père Jean Louis Postic" le village de Keraël" "souvenirs" "la pensée des morts" "Lanvéoc, événements de 1574 à nos jours" "Furnez breiz""la fontaine Sant Delour"

g) Réédition: Lanvéoc par champs et par grèves, collection dirigée par M.-G.Micberth, Monographies de villes et villages de France, Le Livre d'histoire, 2004,116 p.

h) LANVEOC POULMIC Mémoires de Rade. René Martin, Michel Baraer. 1999, 263 p., préfacé par le Maire .Six chapitres:-1 De lointaines origines -2 Le passage de Lanvaux -3 De la fondation de la commune à la guerre 1939-1945;Des difficultés premières à un nouvel âge d'or-4 Les années de privation, d'humiliation et de deuils; Guerre" 1939-1945...-5 La renaissance......Conclusion: quel avenir pour la commune?-6 Petit guide de quelques curiosités de Lanvéoc...Sources et bibliographie

Aux mairies, institutions, organismes, associations, spécialistes, chercheurs...qui ont apporté leur soutien et leur collaboration à la réalisation de ce dossier.

pour son accord à la réalisation d'un arrangement musical au piano (G.L.R./2009), extrait du thème N°4.

-et à l'atelier du film(rubrique V-3/9), et galaxy (rubrique V-3/10) pour la qualité de la réalisation technique.

Monsieur Ramoné, maire de Lanvéoc, précise l'importance de la situation de sa commune qui demeure et a toujours été un lieu de passage et "son souhait de voir le XXIème siècle regarder la mer et s'ouvrir sur le développement des transports, en particulier maritimes..."

Cette traversée porte, en effet, notre regard, au dessus de la mer d'Iroise, vers les horizons d'un nouveau siècle...quelles seraient alors les interrogations de nos ancêtres, gabiers de ports, mousses, soldats et officiers de marine ?

Les images de la rade pourraient déjà murmurer une réponse: à travers les fêtes marines qui la font scintiller, l'évolution de la pédagogie et de l'histoire maritime qui ouvrent les portes des Ecoles aux visiteurs attentifs , férus de musées, lieux de grandes cérémonies , simulateurs de navigation et espaces "traditions"...tandis que les randonneurs découvrent le parc marin et le parc d'Armorique cerclés de paysages verdoyants qui côtoient les chemins de lande et de terre de bruyère....

A l'ère des éoliennes, le souffle de la rade emporte les oiseaux dans le clair obscur du soir qui tombe...Spectacle grandiose, à l'ouest de l'Europe, aux matins qui s'éveillent, les jours du nouveau siècle sauront perpétuer l'éloges de nos ancêtres, la richesse humaine de leur mémoire et du patrimoine qu'ils ont su nous léguer.

ANNEXE : Etat de services (extrait) d'un ingénieur mécanicien en chef, officier de marine