Le Général De Balathier De Bragelonne

  Textes et documents réunis par Jacqueline Paternault

   Doclibre             2011/N° 7 (biographie)

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   Général de Brigade, vicomte (1771-Bastia,1830-Montmartre)

SOMMAIRE

I-Terravecchia, Bastia: naissance et famille aux couleurs insulaires

II Blessures et victoires

III-La_dernière_Bataille

IV-Ressources et sources

 

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Fils aîné d'une branche de la famille installée en Corse au XVIIIè siècle, Elie Charles est baptisé, dans sa ville de naissance, Bastia (à l’église paroissiale Saint Jean Baptiste de Terravechia)…                                                 

A l'heure des ressources numériques et de la mise en ligne de documents d'archives, la courte biographie suivante, ancrée principalement sur des sources officielles, se donne pour objectif d'apporter quelques données inédites aux publications qui lui furent ,déjà, consacrées.

I-Terravecchia, Bastia: naissance et famille aux couleurs insulaires:

Antoine Anne de Balathier de Bragelonne(11.12.1730 Bragelonne, en Bourgogne/9.12.1813 Bastia), lieutenant du Roi, commandant de la place de Bastia y épouse, le 12 juillet 1767, Marie de Franceschi (Bastia : 1747 ? / 6.8.1819)...Quatre frères et trois soeurs naîtront de leur mariage:

-Elie Charles dont un récit biographique va suivre

-Nicolas(23.1.1775 Bastia/17.8.1849 Nantes), capitaine d'infanterie, qui épouse le 6.4.1808 Anne Ducloitre(22.4 1780 Bastia/28.1.1851 Nantes). Il sera aide de camp du Général de Balathier à compter de mai 1813

-François Joseph(2.6.1777 Bastia/11.9.1847 Paris) capitaine de cavalerie ( en 1835, adopte un fils François  Adolphe Monnot de Balathier de Bragelonne - 2.2.1811- Auxerre/24.10.1888 Versailles). Filleul du général Joseph BONAVITA, il sera député du gouvernement provisoire d'Auxerre en 1814.

-Louis Jules Scipion(23.3.1785 Bastia/13.7.1869 Nantes), capitaine d'infanterie, marié le 8.12.1824 à Nantes à Dorothée Edelin de la Praudière(29 prairial an 8 Nantes/19.1.1874 Nantes) : ils eurent un fils -Charles Nicolas(18.11.1827 Nantes/25.9.1879 Nantes) marié le 27.10.1876 à Nantes à Sophie Ballet(17.8 1822 Couëron-Loire inférieure/13.2.1904 Nantes).

Nicolas, Louis et Charles Nicolas s'installèrent, à partir des années 1820/1830, à Nantes: ils y sont inhumés avec leurs familles.

Les données relatives aux trois filles demeurent plus imprécises et pourraient faire l'objet d'une publication ultérieure:

les archives numérisées locales nous indiquent les informations suivantes :

-Maria Suzanna Luisa(id le 1.11.1773)

-Giulia Luisa(id 7.2.1782 - 11.7.1827) qui compte au nombre des pensionnaires de la "Maison Royale",devenue une "demoiselle de Saint Cyr" fait ses preuves  et en sort le 1.4.1793, à la suppression de ce prestigieux établissement. Elle y croise une autre demoiselle originaire de son département et de sa génération qui porte le nom de Marie Anne Buonaparte (née en 1777). Elle épouse le chef de bataillon François POUSSUET ( Beaune 1765 - Barcelone 19.2.1809 ) tué à la guerre d'Espagne puis Paul Orsatelli capitaine des voltigeurs Bastia le 28.9.1817.

-Maria Francesca  Benigna qui épouse le 15.4.1786 à Terravecchia Gian Battista Figarelli

A citer, en particulier, parmi les sources et ressources référentes ,voir rubrique IV, en fin de publication (IV-1a,b,c, IV-2 a, c , i et j), un article biographique particulièrement documenté: "Le Général de Balathier de Bragelonne, sa famille et la Corse" publié par le petit Bastiais(IV-2-b) et un dossier numérique consacré à François Adolphe Monnot de Balathier, journaliste(IV 1-f).

II-Blessures et victoires:

La carrière dense et intrépide du Général de Balathier se conjugue à une destinée éprouvée ; en toile de fond, la mouvance d'un contexte tourmenté, scellé sur les XVIIIè et XIXè siècles:(1789: Révolution,1795: Directoire,1799:Coup d'Etat de Bonaparte,1800: Consulat,1804: Empire,1815: 1ère Restauration et "Cent jours",1815-1820: 2è Restauration-retour de Louis XVIII, 1821: mort de Napoléon , 1824: Charles X). Cet espace historique, valeureusement assumé, se décline à travers des paysages géographiques aux couleurs multiples ...

Des sites spécialisés ont, déjà, dédié à ses états de services des descriptions précises ou des présentations synthétiques: l'on pourra se référer, à nouveau, aux ressources numériques et traditionnelles référencées(IV 1-a, et-b) (IV 2-c); le propos de ce récit se consacre à relater quelques pages qui jalonnent son histoire et s'appuie principalement sur les archives publiques(IV-2-g).

a-enfance et jeunesse: entre la Corse et Brienne

Il nait à Bastia(Terravacchia,) le 13 décembre 1771: son acte de baptême (3 août 1774) qui figure dans son dossier de légion d'honneur(IV 1-d), rédigé en corse, comporte une traduction en français: il y est mentionné que son parrain fut "le comte Louis, Charles, René de Marboeuf, lieutenant général des armées du Roi, et Commandant en chef du royaume de Corse ", et sa marraine "Marie Dominique Varese"... et ajouté que, de plus qu': "il fut baptisé à la naissance pour raisons d'urgence".

En cours d'année 1782, il intègre "Brienne", et se trouve confronté à ses "élèves". Divers écrits citent un évènement qui survient alors: présenté par des "malins" comme génois au futur Empereur des Français dont il est "condisciple", il est "empoigné" violemment par celui ci (qui ne cache pas son aversion pour ceux qui" vendirent" l'île de Corse à Louis XV): il faudra les séparer...(IV 2-d, e ,f). Nul doute que ce fait ne saura entraver une carrière brillante, et audacieuse ...ainsi qu'en atteste une lettre missive que le général de Balathier conservera sur son bureau , lettre que l'Empereur lui fait adresser en 1815(voir fin de la IIIème partie :"la dernière bataille").

De retour en Corse, il émigre, jeune, en 1791, puis combat dans l'armée de Condé; ayant rejoint, de nouveau, sa terre natale , il est enfermé dans les prisons bastiaises, lors de l'insurrection réprimée par Paoli; il s' en échappe et entre au corps des Chevaliers de la Couronne puis est engagé en qualité de chef de section à la 2ème compagnie des chasseurs nobles à pieds de Corsac; il fait campagne en Italie, puis un nouveau retour en Corse lui permet d'accéder au grade de sous lieutenant(troupes anglaises) et, au départ de celles-ci, à celui de lieutenant des sapeurs auxiliaires(troupes françaises).

b- l'armée d'Italie:

Capitaine au service de L'Italie puis major et Adjudant commandant pendant le blocus de Gênes en 1800, il accède aux fonctions de chef d'Etat Major de diverses divisions.

A cette époque, son acte de mariage figure, à la date du 6 brumaire de l'an 9(28 octobre 1801) aux archives de l'Etat civil de Saône et Loire à  Autun: il y épouse Charlotte Claudine De La Goutte, née le 1er mars 1774 dans cette ville, qui décédera à Paris le 1er mars 1825.Parmi les signatures des témoins, l'on peut lire celle d'un oncle d'Elie Charles(famille paternelle:): Louis Jules de Balathier Lantage, domicilié au château de Villargoix, en Côte d'or.

Sa carrière se poursuit au Royaume d'Italie, en qualité de Chef de la première division du Ministère de la guerre, chargé du personnel de l'armée, de l'inspection aux revues et de son organisation.

Il prend la direction de la "maison de pages", assure la fonction de Président du tribunal du Royaume chargé de maintenir la tranquillité publique. Il pacifie les départements  insurgés Musone et Tronto. Ses services sont fréquemment utilisés par les Ministres pour inspecter les corps et organiser les manoeuvres .                        

Parmi les sources globales à consulter sur ce sujet(IV 2-k) et (IV 2-k1).

-c campagnes et actions d'éclat:

 En 1809, il sert dans le Tyrol , puis sa carrière se poursuit dans la division italienne; il se distingue durant la guerre d'Espagne , où il est blessé à la jambe par un coup de feu, participe à la bataille de Liria, aux sièges de Tarragone (Catalogne ), Muviedro et de Valence: ses actions d'éclats (passage de Guadalaviar) lui permettent d'accéder au grade de Général de brigade le 11juillet 1811...La brigade Balathier(division italienne, 5, 6è de ligne)est citée par le Maréchal Suchet lors du récit de ses Mémoires.                                       

Durant la campagne de Saxe, le combat de Königswartha-bataille de Bautzen compte, sans doute ,au nombre de ceux qui attestent des plus vaillants de ses états de services: le 19 mai 1813, il y est gravement blessé, laissé pour mort sur le champ de bataille; tombé aux mains de l'ennemi, il vit, dans les prisons russes, une captivité qui se prolongera jusqu'au 30 mai 1814, ne rejoignant la France que le 29 août. Ecoutons le récit qu' il livre, le 22 mai 1813, de Görlitz, dans une lettre adressée au Ministre de la Guerre, expliquant qu'il est victime de cinq blessures dont l'une pouvait être mortelle: celles-ci" le font souffrir d'autant plus que les Russes le font continuellement voyager"... Il ajoute qu'il est assisté de quatre médecins et" du lieutenant Sandrini du 7è de ligne, fait prisonnier en même temps que lui". Un mémoire complémentaire précise qu'il dut son salut au Prince Volkonski, chef d'Etat Major de l'armée russe, en 1813-1814.

Quittant l'armée d 'Italie, il est nommé Maréchal de camp, au service de La France, le 22 septembre 1814: les rapports de ses supérieurs précisent, citant le combat de Königswartha, qu'il déploya, particulièrement, en cette circonstance" une froide intrépidité et la plus grande intelligence".

(source principale: IV 2-g).

-d-l'Yonne et la Creuse :

Lors de "Cent-jours", Napoléon lui propose de reprendre du service , en Corse, afin de rallier les royalistes au gouvernement impérial; ancien compagnon de Brienne, ayant compté au nombre des émigrés, il refuse. Mais, acceptant le commandement du département de l'Yonne, il y prend ses fonctions le 1er mars 1815. Cette période est celle de la réitération de ses engagements. Un autre condisciple de Brienne, Bourienne(que Napoléon nommait" l'oeil de pie"), devenu député de cette région parle de lui en ces termes:" il avait paralysé les mesures de rigueur présentées par l'usurpateur"(IV 2-c).Le calme succédant à l'orage politique, le Général de Balathier quitte Auxerre.

Le 15 novembre 1815, la ville de Guéret l'accueille pour sa prise de fonctions au commandement du département de la Creuse. Il s'y rend populaire: ses écrits dressent un état de la situation à son arrivée: "La disette s'y faisait sentir, j'y épuisais mes ressources pour venir au secours des plus malheureux...je m'attirais la reconnaissance des habitants et des militaires les moins heureux". Des journaux locaux(IV 1-e) ont publié quelques articles attestant de son action. Ce commandement ayant été supprimé, il est mis en disponibilité du 1er décembre 1817 au mois avril 1820...il est, alors autorisé à rejoindre sa famille, à Flavigny (Bourgogne) pour une période qui lui paraît se prolonger.'(IV 2-g)

e- entre  le Pas de Calais et la Loire Inférieure

Le 21 avril 1820, il intègre, une première fois, à Arras, le commandement du département du Pas de Calais,(2ème subdivision de la 16è division militaire).

Nantes, l'accueille, ensuite, en mai 1822; le commandement de la 2è subdivision de la 12è division militaire lui permet,également, de retrouver des événements familiaux: il est témoin , ainsi que son frère Nicolas, au mariage de Louis avec Dorothée Edelin le 8 décembre 1824. Cependant, cette période lui vaut une nouvelle blessure, insidieuse, qui semble fatale. Nicolas en fera le récit dans une lettre adressée, postérieurement, au Ministre de la guerre, le 25 décembre 1828,corroborée par un rapport médical: "le 15 juin 1822,lors de troubles insurrectionnels de Nantes, une charge de cavalerie lance au galop plusieurs chevaux de cuirassiers sur la place Bouffay...le général de Balathier, que ses fonctions appelaient, en ce lieu, au commandement de cette subdivision, dut se déterminer à saisir la bride de l'un d'entre eux qui venait vers lui...il fut ,alors victime de graves contusions  à la tête, au visage et au torse... puis, faillit perdre un oeil"...Sans doute, la violence de ce choc serait-elle à l'origine de l'altération ultérieure de sa santé mentale .

 Le 2 février 1825, permutant ce dernier commandement, il retrouve celui du Pas du Calais, département qui lui est familier puisqu'il en a déjà assuré la direction en 1820: des écrits fréquents mentionnent sa présence à diverses cérémonies(voir fin de la IIIè partie). En août 1827, conscient que son état de santé s'altère, il rédige son testament. Mis en disponibilité le 10 août 1828, il est admis à la retraite le 20 décembre 1829.

source principale de cette rubrique IV 2-g

III-La dernière Bataille:

Entouré de sa famille(Nicolas et Anne de Balathier, alors domiciliés à Paris, retiennent pour lui un appartement de convalescence proche du parc de Versailles), le général de Balathier est, ensuite, soigné à la maison du Docteur Blanche.                                    

Il s'y éteint, à Montmartre, le 30 juillet 1830.                      

Il repose, ainsi que son épouse, au cimetière du Père Lachaise.

Rappelons les décorations et distinctions honorifiques qui lui furent attribuées:

.Ordre royal et militaire de Saint Louis:                    

chevalier 11.10.1814, commandeur:23.5.1825

.Ordre royal  de la Légion d'Honneur:       

chevalier7.5.1811,officier 18.5.1820,

.Ordres étrangers, Ordre de la Couronne de Fer:                    

chevalier 1.5 1806, commandeur 28.3.1812

.Vicomte héréditaire par lettres patentes du 4.11.1822               

ainsi que quelques cérémonies où sa présence est mentionnée par des écrits:

La duchesse d' Angoulême à Nantes, 1823(IV 2-l)

Le voyage du Roi à Saint Omer, septembre 1827(IV 2-m)

L'inauguration d'une colonne dédiée à la Grande Armée à Boulogne sur Mer(IV 2-n). et(IV 1d-2)..(Travaux débutés en 1804,poursuivis entre 1819, 1823...)

 

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Un inventaire après décès ouvre les portes de son armoire vestimentaire:

y apparaissent, "une tenue de maréchal de camp aux épaulettes brodées, au fil d'or, de graines d'épinards, une ceinture de général en soie blanche, un chapeau de grand uniforme...deux paires de bottes..."                              

Sur le bureau voisin ,une collection de volumes reliés dont "les mémoires du Maréchal Suchet,1808-1814" sur les campagnes en Espagne avec Atlas(1828)...des cartes, lithographies et documents militaires personnels: ces "brevets sur vélin" portent les signatures du Maréchal Comte Dejean, du Maréchal Macdonald .....puis "une lettre missive, datée du 28 mars 1815", signée du comte Bertrand, par laquelle L'Empereur propose d'attribuer au Général de Balathier le grade d'Officier de la Légion d'Honneur." (VI 2-h)                                    

Côtoyant ces documents, un encrier où trône une plume blanche :

Que l'encre numérique, éclairée des lumières insulaires, sache rendre éloges au Général de Balathier!

IV-Ressources(1)et sources(2)

1-a les généraux corses de la Révolution et du 1er Empire...

sites.google.com/.../tirailleurscorses/.../les-generaux-corses-de-la-revolution... 

1-b Cronica di a Corsa http://oursjeancaporossi.perso.neuf.fr/

1-c archives état civil numérisées en ligne: Bastia, Paris, Nantes ,Autun

1-d 1base Léonore : LH/96/68 et 1-d2 base Mérimé (ministère de la culture)

1-e journaux de collection wwww.journauxdecollection

1-f www.jacquelinepaternault.com page.3 Presse et musique au XIXè siècle

2-a nobiliaire "Titres, anoblissements, pairies de la Restauration 1813-1830"vicomte.A.Révérend,T1er,pp.93/94                                                                    

2-b le petit Bastiais, "le général de Balathier de Bragelonne, sa famille et la Corse", 29/30avril 1970, article d'Auguste Brunetti

2-c dictionnaire de biographie française, Prévost et Roman d'Armat, 1948, texte de E.Franceschini

2-d "Napoléon, le chant du départ" T.1 Max Gallo, éditions Magellan, 1998

2-e revue "le souvenir Napoléonien",N°265, août 1972, André Damien, pp.17-22

2-f "la jeunesse de Napoléon, Brienne" Arthur Chuquet, Paris, Armand Colin, 1898, p.387*

2-g Service historique de la défense, Vincennes, séries Y et M

2-h Archives Nationales, Paris, CARAN, série ET/....actes notariés

2-i Archives municipales de Nantes

2-j Les demoiselles de Saint Cyr, Maison Royale d'Education 1686-1793 Arnaud Ramière de Fortanier, Archives épartementales des Yvelines, Somogy, éditions d'art, 1999

2-k Sulla milizia cisalpino-italiana,cenne statistici dal 1796..., Zanoli, Bonomi e Scotti, Milano, 1845 (voir aussi "composition de l'armée cisalpine, septembre 1800"...)

2-k1 l'infanterie de ligne italienne, 1ère partie 1799-1809,éditions Jean Pierre Perconte, Lyon, 2010

2-l Madame la Duchesse d'Angoulême à Nantes, 1823, imprimerie Mellinet-Malassis, p.24, 31 *

2-m notice artésienne, sur le voyage du Roi à ST Omer du 9 au 18 septembre 1827, imprimerie de Charvin dit Gouget, p.47, 49*

2-n colonne dédiée à la Grande Armée à Boulogne sur Mer, Lavigne, 1841, pp5-35

*accessible sur gallica, bnf

Remerciements:

à Jean de Balathier Lantage et René Ribes, son cousin par alliance

aux responsables, équipes et personnels des structures, et organismes ayant permis la réalisation de cette étude.

                                                                                                                                                                                                                                                       © ©Tous droits de reproduction réservés. Dossier publié en juillet 2011.

      

 

                                                       

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